"A la seconde, mon sang s’est glacé"
Section française,
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Education historique et civique : mémoire et solidarité.
Suite à la décision du chef de l’Etat de faire porter par chaque élève de CM2 la mémoire d’un enfant juif victime de la Shoah, DEI-France condamne cette instrumentalisation de la mémoire de ces enfants, qui n’appartient à personne et dont aucun pouvoir politique ne saurait disposer et encore moins organiser une sorte de distribution indécente sur les épaules des enfants actuels.
Pour DEI-France, l’indispensable travail de mémoire relatif à l’extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale doit nécessairement faire partie de l’éducation aux droits de l’homme
des enfants de ce pays, et pas seulement en CM2.
Mais elle condamne le caractère émotionnel et individualisant de cette décision, par ailleurs parfaitement absurde : les nombres d’enfants victimes de la Shoah et d’actuels élèves de CM2 ne coïncident évidemment pas... et il y aurait donc certains élèves vivants prenant en charge la mémoire des enfants morts, et d’autres qui en seraient dispensés ?
De plus, le poids psychologique résultant de cette prise en charge nominative - qui pourrait facilement créer une culpabilité forte chez certains enfants ou les renvoyer à l’angoisse de leur propre mort – serait un fardeau bien trop lourd pour des enfants de dix ans.
Une pédagogie par le réveil des traumatismes et des culpabilités, dans un pathos démesuré, est
inacceptable. La barbarie commence par la confusion et le détournement de sens : l’histoire doit être enseignée aux enfants selon une approche qui éveille leur raison, leur esprit critique et leur sens des responsabilités et non en leur faisant endosser de façon extrêmement malsaine et perverse la « mémoire » de crimes qu’ils n’ont pas commis.
En revanche, DEI-France engage le ministère de l’Education Nationale à valoriser les très nombreuses expériences pédagogiques conduites par des enseignants* qui permettent une véritable connaissance et reconnaissance de cette période historique, pour notamment prévenir les résurgences intolérables des « négationnismes ».
Ce travail pédagogique fait partie de l’éducation à la citoyenneté, laquelle implique la compréhension du devoir de désobéissance civique quand les droits de l’homme (et de l’enfant) sont bafoués. Et s’il est capital d’apprendre aux élèves d’aujourd’hui à honorer la mémoire d’enfants disparus à jamais dans les horreurs de l’histoire, il est non moins important de leur enseigner la solidarité envers leurs contemporains opprimés, où qu’ils soient vivants, et notamment dans leurs propres classes, où les chaises vides d’enfants, emprisonnés et expulsés aujourd’hui du seul fait d’exister, ne manquent pas de leur rappeler la duplicité de ceux qui prétendent dénoncer les crimes passés et contribuent aux violations des droits de l'enfant d'aujourd'hui.
Fait à Paris, le 15 février 2008
* Voir le bref compte-rendu d’une expérience conduite à Bobigny, ci-après ; consulter également
sur le site www.dei-france.org , les diverses contributions et réflexions que cette initiative du président de la République a suscité chez les membres du réseau DEI-France.
Travail de mémoire à Bobigny
Une classe était allée visiter le mémorial de la Shoah, et avait remarqué le nom d’une petite fille de Bobigny, âgée de 5 ans, Albertine Tchelebi.
Les enfants ont souhaité en savoir plus et leur maître les a accompagnés dans leur recherche. Ils sont allés voir dans la rue où elle avait habité, mais personne ne se souvenait d’elle. Ils ont écrit en Pologne, aux archives d’Auschwitz, mais elle avait été gazée dès son arrivée, avec sa mère. Ils ont retrouvé un homme qui était parti dans le même convoi qu’elle et ils sont allés l’interroger. Ils sont allés aux archives départementales. Ils ont lu beaucoup d’articles sur la guerre et la déportation. Un ancien résistant est venu dans la classe et ils ont participé à la cérémonie de
réhabilitation de la gare de Bobigny (c’est la gare qui était utilisée pour les convois de déportation de Drancy) comme lieu de mémoire.
Un petit documentaire a été édité à la suite de ce travail, et il a été envoyé au Mémorial de la Shoah. La ville de Bobigny a décidé de rendre hommage à cette brève vie en donnant son nom au nouvel espace numérique de la ville.
Les enseignants ont veillé à ne jamais sombrer dans le pathos, sans pour autant voiler les émotions légitimes. Sans leur travail, personne ne saurait aujourd’hui qu’il y a eu une petite Albertine qui a vécu là, si près de l’école. Elle a été un peu arrachée à l’oubli par ce travail, puisqu’une plaque explique à l’entrée de l’espace numérique pourquoi on honore sa mémoire.
Les points saillants de cette expérience :
- ce sont les élèves eux-mêmes qui sont à l’origine de cette quête ;
- il s’agit du travail collectif de toute une classe qui s’initie aux rigueurs de l’enquête historique ;
- certes, pas de pathos ! mais une émotion vraie qui n’est pas incompatible avec l’exercice de la raison critique ;
- la reconnaissance « politique » - au plus noble sens du mot – de leur travail d’arrachement à l’oubli.
des enfants de ce pays, et pas seulement en CM2.
Mais elle condamne le caractère émotionnel et individualisant de cette décision, par ailleurs parfaitement absurde : les nombres d’enfants victimes de la Shoah et d’actuels élèves de CM2 ne coïncident évidemment pas... et il y aurait donc certains élèves vivants prenant en charge la mémoire des enfants morts, et d’autres qui en seraient dispensés ?
De plus, le poids psychologique résultant de cette prise en charge nominative - qui pourrait facilement créer une culpabilité forte chez certains enfants ou les renvoyer à l’angoisse de leur propre mort – serait un fardeau bien trop lourd pour des enfants de dix ans.
Une pédagogie par le réveil des traumatismes et des culpabilités, dans un pathos démesuré, est
inacceptable. La barbarie commence par la confusion et le détournement de sens : l’histoire doit être enseignée aux enfants selon une approche qui éveille leur raison, leur esprit critique et leur sens des responsabilités et non en leur faisant endosser de façon extrêmement malsaine et perverse la « mémoire » de crimes qu’ils n’ont pas commis.
En revanche, DEI-France engage le ministère de l’Education Nationale à valoriser les très nombreuses expériences pédagogiques conduites par des enseignants* qui permettent une véritable connaissance et reconnaissance de cette période historique, pour notamment prévenir les résurgences intolérables des « négationnismes ».
Ce travail pédagogique fait partie de l’éducation à la citoyenneté, laquelle implique la compréhension du devoir de désobéissance civique quand les droits de l’homme (et de l’enfant) sont bafoués. Et s’il est capital d’apprendre aux élèves d’aujourd’hui à honorer la mémoire d’enfants disparus à jamais dans les horreurs de l’histoire, il est non moins important de leur enseigner la solidarité envers leurs contemporains opprimés, où qu’ils soient vivants, et notamment dans leurs propres classes, où les chaises vides d’enfants, emprisonnés et expulsés aujourd’hui du seul fait d’exister, ne manquent pas de leur rappeler la duplicité de ceux qui prétendent dénoncer les crimes passés et contribuent aux violations des droits de l'enfant d'aujourd'hui.
Fait à Paris, le 15 février 2008
* Voir le bref compte-rendu d’une expérience conduite à Bobigny, ci-après ; consulter également
sur le site www.dei-france.org , les diverses contributions et réflexions que cette initiative du président de la République a suscité chez les membres du réseau DEI-France.
Travail de mémoire à Bobigny
Une classe était allée visiter le mémorial de la Shoah, et avait remarqué le nom d’une petite fille de Bobigny, âgée de 5 ans, Albertine Tchelebi.
Les enfants ont souhaité en savoir plus et leur maître les a accompagnés dans leur recherche. Ils sont allés voir dans la rue où elle avait habité, mais personne ne se souvenait d’elle. Ils ont écrit en Pologne, aux archives d’Auschwitz, mais elle avait été gazée dès son arrivée, avec sa mère. Ils ont retrouvé un homme qui était parti dans le même convoi qu’elle et ils sont allés l’interroger. Ils sont allés aux archives départementales. Ils ont lu beaucoup d’articles sur la guerre et la déportation. Un ancien résistant est venu dans la classe et ils ont participé à la cérémonie de
réhabilitation de la gare de Bobigny (c’est la gare qui était utilisée pour les convois de déportation de Drancy) comme lieu de mémoire.
Un petit documentaire a été édité à la suite de ce travail, et il a été envoyé au Mémorial de la Shoah. La ville de Bobigny a décidé de rendre hommage à cette brève vie en donnant son nom au nouvel espace numérique de la ville.
Les enseignants ont veillé à ne jamais sombrer dans le pathos, sans pour autant voiler les émotions légitimes. Sans leur travail, personne ne saurait aujourd’hui qu’il y a eu une petite Albertine qui a vécu là, si près de l’école. Elle a été un peu arrachée à l’oubli par ce travail, puisqu’une plaque explique à l’entrée de l’espace numérique pourquoi on honore sa mémoire.
Les points saillants de cette expérience :
- ce sont les élèves eux-mêmes qui sont à l’origine de cette quête ;
- il s’agit du travail collectif de toute une classe qui s’initie aux rigueurs de l’enquête historique ;
- certes, pas de pathos ! mais une émotion vraie qui n’est pas incompatible avec l’exercice de la raison critique ;
- la reconnaissance « politique » - au plus noble sens du mot – de leur travail d’arrachement à l’oubli.
9 commentaires:
ce qu'il y a de bien avec toi Sylvie, c'est que tu dis tout haut ce que je pense tout bas.
Tu veux pas faire aussi un article sur l'émission (de merde)du mielleux Delarue avec l'interview cire-pompes de "l'autre là " (je l'appelle que comme ça , son nom même m'écorche la bouche) à propos du plan Alzheimer ?
Tout ça serait presque risible si c'était pas si triste, voire dramatique !
Ce n'est plus risible du tout effectivement.Si tu veux que je jette un gros pavé dans la mer(de)je peux aussi larguer les articles sur le plan Alzheimer, l'enjeu commercial, le frère de...
Dommage, mon blog je ne le destinais pas à cela au début (d'ailleurs je ne savais pas à quoi je le destinais)...comme je ne sais pas ce que je vais faire de ce blog canadien
http://seccotine.monblogue.com/2008/02/14#160134
Peut-être que les courants Atlantiques feront revenir les bouteilles sur nos plages et comme celà vient d'outre A. les messages seront pris en compte
Comme le dit Monette "l'autre" ne sait plus quoi faire pour se rendre intéressant, mais la il dépasse encore une fois les bornes de l'acceptable et j'espère bien que tous les instit vont se révolter contre cette nouvelle lubie.
Je ne m'étend pas plus sur la question car en ce moment on marche sur la tête et tout ce qui se passe me rend folle.
Bravo pour ton billet et pour nous avoir raconté l'histoire de l'école de Bobigny, ça c'est du vrai.
Biz
Bonjour Sylvie, quel plaisir de te retrouver régulièrement, et de savoir que tu es présente, près de moi, pour mes petits, pour leurs sourires et l' éclat dans leurs yeux.
Amitiés
A trop vouloir en faire on fait des conneries...!
Excellent ton billet.
Bisous du dimanche.
Suri
En parler, bien sûr, et celà se fait depuis longtemps dans les classes et même avant le Cm2. Cette décision est morbide et psychologiquement inacceptable!Je fais confiance aux enseignants pour ne pas donner suite à une aussi mauvaise idée!
Bon dimanche, Sylvie
Ce qui me surprend le plus chez Simone Veil c'est de découvrir que le nabot est dingue, on l'a pourtant assez dit pendant la campagne électorale qu'il n'était pas net ce type !
En plus, attiser les antagonismes c'est son dada, en fait : diviser pour mieux régner ! Diviser économiquement, religieusement, politiquement par de faux rapprochements, etc...
On avait pourtant bien prévenu qu'il représentait un danger pour la République et la Démocratie ce mec !!!
sylvie a dit...
"Ce n'est plus risible du tout effectivement. Si tu veux que je jette un gros pavé dans la mer(de)je peux aussi larguer les articles sur le plan Alzheimer, l'enjeu commercial, le frère de...
Dommage, mon blog je ne le destinais pas à cela au début (d'ailleurs je ne savais pas à quoi je le destinais"
Si tu veux je suis prêt à le lancer ce pavé dans la mer(de) sur mon blog si ça t'arrange tu me passe ton article et je signerai : "de la part d'une amie censée qui se reconnaîtra" ;-)
Tu peux me transmettre par ce formulaire de contact :
http://ann.over-blog.com/
blog-contact.php?ref=570733
Bises
merci LV, je sais que je peux compter sur toi!
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