dimanche 23 mars 2008

A propos d'éducation
N'étant plus confronté aux pressions du ministre et de ses serviteurs de l'administration, qui veulent nous contraindre à revenir en arrière vers des époques que nous pensions révolues, je suis avec grand intérêt votre résistance qui s'inscrit dans le combat historique des instituteurs progressistes et révolutionnaires pour l'indépendance des instituteurs et pour une éducation destinée à former des hommes libres et responsables.

Face au projet de nouveaux programmes réactionnaires du ministre, il est important, aujourd'hui, de se rappeler historiquement, l'école a été traversée par deux désirs antagonistes, celui des différents maîtres de la société, des classes dirigeantes et celui des militants ouvriers, des théoriciens utopistes ou révolutionnaires.
C'est là que s'est situé le combat permanent de l'Ecole Moderne depuis ses origines :
Ecole d'émancipation et de formation d'un citoyen libre contre Ecole de respect des convenances, des valeurs bourgeoises, des lois et d'apprentissage de l'obéissance et de la soumission.

Les programmes rétrogrades de 2008 nous rappellent que rien n'est jamais gagné définitivement.

Souvenons-nous qu'après les journées révolutionnaires de 1830 est revenue une monarchie dont le ministre de l'instruction publique, Guizot, affirmait le 24 novembre 1830, que : « Le but principal de l'instruction primaire est d'enseigner au peuple la lecture, l'écriture et le calcul ; mais tout en acquérant ces notions fondamentales, il doit aussi recevoir de salutaires leçons de morale, de patriotisme et d'économie domestique. »
En Février 1848, de nouvelles journées révolutionnaires ont fait renaître la République.Lazare Carnot, ministre de l'instruction publique, a alors appelé les instituteurs à former les hommes nouveaux dont la révolution a besoin.
« Nous voulons l'enseignement primaire obligatoire parce qu'aucun citoyen ne saurait être dispensé, sans dommage pour l'intérêt public, d'une culture intellectuelle reconnue nécessaire au bon exercice de sa participation personnelle à la souveraineté. Nous le voulons gratuit, par là même que nous le voulons obligatoire, et parce que sur les bancs de l'école de la république, il ne doit exister de distinction entre les enfants des riches et ceux des pauvres. »
(Exposé des motifs de la loi du 30 juin 1848 )
Mais cela n'a pas duré longtemps. Louis Napoléon-Bonaparte a été élu président de la République et Falloux ministre de l'instruction publique et du culte. Terminée la révolution dans la société et dans l'école. Dans l'exposé de la loi du 15 mars 1850, la religion et le contrôle des instituteurs ont retrouvé toute leur place.
« Pour que la religion communique à l'éducation sa puissance, il faut que tout y concoure à la fois, et l'enseignement et le maître. C'est le but que nous allons tâché d'atteindre, autant qu'on peut le faire par des mesures législatives confiant au curé et au pasteur la surveillance morale de l'école primaire »
Cela rappelle étrangement un autre président de la République, pas encore empereur, 150 ans plus tard :
« Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance » ( Nicolas Sarkozy, discours au Vatican, le 20 décembre 2007).

Le droit des enfants à exercer leurs libertés, à donner leur avis et à participer aux décisions, pour lequel les pionniers de l'éducation nouvelle et de l'école socialiste ont combattu depuis le début du 20e siècle, reste toujours le combat d'aujourd'hui, malgré la ratification de la Convention internationale des droits de l'enfant dont nous fêterons l'année prochaine le 20e anniversaire.

Jean Legal
Chargé de mission
Droits de l'enfant et citoyenneté
ICEM-Pédagogie Freinet

le gouvernement va aider les écoles privés catholiques en banlieue



5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ici aussi il y a de la résistance et pas des moindre:
http://punching.blog.lemonde.fr/2008/03/20/limagination-au-pouvoir/#comment-1822

Anonyme a dit…

Oui, l'école laïque est de nouveau en danger... Je me souviens d'une manifestation où nous étions un million d'enseignants dans la rue ... Bises

Anonyme a dit…

Hors sujet, mais je reviendrai: Merci pour tes passages et tes mots de soutien.
Bisous enneigés.
Serge

Anonyme a dit…

Depuis des décennies , on sent l'Ecole sur son fil funambuler entre le privé et le public ... le balancier est public mais on se demande quand il va tomber par terre ...

sylvie a dit…

Merci totem, je me sens moins seul!
et puis des amis fidèles qui même lorsque je deviens vraiment emmerdante me laisse un petit message.